LA CHEVILLE OUVRIERE ENTRE LE PRODUCTEUR ET LE DETAILLANT

L'entreprise Special Fruit innove avec des variétés de culture optimisées

Les fruiticulteurs limbourgeois sont connus jusqu'en Russie, mais au Limbourg, le commerce de fruits et légumes ne se limite pas aux poires. Special Fruit de Meer importe ses baies, mangues et avocats depuis l'Europe du Sud ou l'Afrique du Nord, les laisse mûrir jusqu'à ce qu'ils soient prêts à consommer, les emballe - essentiellement sous label privé - et les exporte aux détaillants et aux entreprises de services alimentaires du monde entier. Même s'ils sont frais et non transformés, ces produits présentent certains défis. L'entreprise peut passer outre les limites des saisons, mais pas s'affranchir des fluctuations typiques de l'activité et du personnel.

Pour les activités à Meer, l'entreprise peut compter sur 160 collaborateurs fixes
Pour les activités à Meer, l'entreprise peut compter sur 160 collaborateurs fixes

 

HISTORIQUE DE L'ENTREPRISE

Special Fruit est une entreprise familiale. Koen Maes, business development manager, y travaille avec ses frères et son oncle. C'est son père, François, qui a fondé l'entreprise. Son histoire remonte à 1976.

Commerçant

Koen Maes, business development manager
Koen Maes, business development manager

“Notre famille tenait un commerce de détail et avait plusieurs boulangers comme clients. Ces derniers voulaient décorer leurs gâteaux avec des fruits, même hors saison. Alors, nous avons commencé à les importer de pays hors Europe. Après quelques étapes de professionnalisation, notre structure d'entreprise a pris forme en 1990. Nous avons alors déménagé à Meer, un spot logistique idéal entre Belgique et Pays-Bas. Nous importons et exportons des fruits frais non transformés en mettant l'accent sur le commerce européen. 20% sont destinés au marché belge, 80% à l'exportation, tant pour le commerce de détail que pour le food service", commence Maes.

Producteur

“Nous cherchons des correspondances entre ce que nos clients souhaitent et ce que les producteurs peuvent offrir. Le détaillant veut peu de déchets, une longue conservation et une bonne qualité; le producteur veut un rendement élevé. Depuis 2011, nous avons plus de contrôle sur la culture. Nous fabriquons certains produits et essayons d'innover dans des variétés spéciales", poursuit-il.

Régisseur

“Un dernier constat est que nous n'avons pas toujours besoin de produire ces variétés nous-mêmes. En revanche, nous devons prendre le contrôle de la chaîne en tant que lien entre producteurs et acheteurs. Nous déterminons nous-mêmes ce que le producteur cultive et dans quels volumes, comment nous emballons ses produits et comment nous communiquons avec le consommateur, via le détaillant. Cela englobe plein de choses, mais cela nous permet de nous distinguer", déclare Maes.

 

DURABILITÉ

L'entreprise s'efforce également de faire la différence dans le domaine de la durabilité.

Logistique

“A l'automne dernier, nous avons reçu la Lean And Green Star de l'Institut flamand pour la Logistique, parce que nous avions réduit nos émissions de CO2 de 20% en cinq ans. Cet objectif a été atteint principalement en produisant plus près de chez nous - en Europe ou en Afrique du Nord - et en se concentrant davantage sur le fret maritime ou routier que sur le fret aérien. La qualité des produits s'en trouve également améliorée, car les variations de température pendant le transport sont moins importantes", explique Koen Maes.

Emballage

“Nous examinons également comment nous pouvons réduire ou changer les matériaux d'emballage. Dans cette optique spécifique, nous avons décidé d'abandonner une partie de notre image de marque en n'imprimant plus de marque sur les boîtes en carton recyclé. En supprimant cette encre, nous favorisons les possibilités de recyclage avancé", poursuit-il.

Social

“Un troisième pilier de notre philosophie de développement durable est axé sur l'humain. Dans les pays en développement, nous utilisons des audits pour vérifier les conditions de travail afin d'éviter tout abus concernant le travail des enfants ou la rémunération. En effet, ces dérives ne sont pas contrôlées par le gouvernement local et certains de nos clients exigent ce contrôle de notre part. Nous avons élaboré nos propres KPI à cet effet: d'ici 2020, 100% de nos fournisseurs de ces pays devront répondre à nos exigences. Ce contrôle nous coûte de l'argent et des efforts, mais nous le considérons comme un service. Et il nous permet une fois de plus de nous distinguer", explique Maes.

 

“Faites comprendre aux interimaires ce que vous representez en tant qu'entreprise et vers ou vous allez"

 

DÉFIS

Quels sont les défis spécifiques à chaque produit auxquels Special Fruit est confronté?

Sécurité alimentaire

Dans les chambres de maturation de plusieurs mètres de haut, l'entreprise stocke  ses variétés de fruits et légumes étrangères pour les exporter prêtes à consommer
Dans les chambres de maturation de plusieurs mètres de haut, l'entreprise stocke ses variétés de fruits et légumes étrangères pour les exporter prêtes à consommer

“Comme dans toute entreprise alimentaire, la sécurité alimentaire est une priorité pour nous, d'autant que nous ne congelons rien. En faisant les bons choix logistiques en termes de température, mode de transport et producteurs, nous essayons de limiter au maximum les pertes alimentaires. Mais nous sommes également préoccupés par la sécurité alimentaire mondiale. D'ici 2030, nous espérons pouvoir nourrir 9 milliards de personnes de la bonne manière et au juste prix. Ce sera certainement un défi majeur pour l'ensemble du secteur. Nous devrons utiliser nos ressources naturelles de manière plus efficace", pense le business development manager.

Pression sur les prix

“Depuis 2006, nous commercialisons des fruits exotiques comme des mangues et des avocats. A l'époque, nous devions convaincre les détaillants avec ces 'nouveaux' produits, mais aujourd'hui, ils sont très demandés. Cela entraîne une concurrence énorme entre les détaillants, ce qui exerce une pression sur les prix pour les producteurs et pour nous. Ici aussi, l'aspect de la durabilité intervient. Nous pouvons faire des efforts pour utiliser moins de plastique d'emballage, mais il faut que le consommateur soit prêt à payer pour cela", poursuit-il.

 

PERSONNEL

Pour les activités à Meer, l'entreprise compte environ 165 employés permanents, auxquels s'ajoute du personnel intérimaire pour faire face aux fluctuations des volumes.

Intérimaires

“Nous travaillons en étroite collaboration avec des agences d'intérim sélectionnées, qui savent exactement de quels profils nous avons besoin. Notre besoin de collaborateurs supplémentaires varie d'un jour à l'autre. Ce n'est pas une recherche facile, mais nous essayons de prévoir cette demande aussi précisément que possible sur la base de données historiques. Nous voulons également récompenser les travailleurs intérimaires dont nous sommes satisfaits, avec des garanties, afin qu'ils restent employés chez nous avec un schéma plus ou moins fixe. Cela nous fait gagner du temps de formation. C'est pourquoi il est important d'expliquer clairement à ces collaborateurs ce que nous représentons en tant qu'entreprise et vers quoi nous allons", explique Maes.

 

AVENIR

Dans un avenir proche, Special Fruit veut intensifier l'automatisation dans l'ensemble de la chaîne
Dans un avenir proche, Special Fruit veut intensifier l'automatisation dans l'ensemble de la chaîne

Quelles sont les prévisions pour l'avenir?

Produits en croissance

“Nous voulons continuer à innover dans les produits où nous excellons. Nous avons développé notre savoir-faire, notre qualité et notre capacité distinctive avec notre propre culture, en particulier avec les baies et les fruits prêts à consommer. Ce sont aussi les produits qui ont le plus de valeur ajoutée - parce qu'ils sont sains, savoureux et pratiques - et pour lesquels nous prévoyons une demande croissante dans un avenir proche", prévoit le business development manager.

Automatisation

“Dans l'ensemble, l'automatisation de la production et des opérations dans le secteur des fruits et légumes est encore minime, mais cela va certainement changer afin de relever les défis et d'évoluer rapidement dans ce segment spécifique. Pensons aux robots de culture et de récolte, aux informations automatisées sur les données pour les consommateurs et à l'aperçu du comportement d'achat nous permettant de faire des prévisions. Nous allons vers une époque passionnante!", déclare Maes.

 

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