- 27 novembre 2025
- En Chris Craps
- | Source: Foodprocess
'Il y a un manque de connaissances dans la vente de compléments alimentaires'
Un expert de la VUB plaide pour une formation professionnelle
Les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments, mais ils ne sont pas non plus des denrées alimentaires ordinaires ou leurs substituts. Ils sont en vente libre, sans ordonnance, mais il est déconseillé de les utiliser sans l'avis d'un expert. Lors du récent congrès be-sup, Kristiaan Demeyer, professeur à la VUB et spécialiste des plantes médicinales et des compléments alimentaires, a appelé à la formation professionnelle de tous ceux qui vendent des compléments alimentaires: des pharmaciens aux herboristes en passant par les propriétaires de magasins de produits naturels.
Effet physiologique et risque d'interactions
Demeyer rappelle que les compléments alimentaires ont un effet physiologique, tout comme les médicaments: "Les compléments alimentaires influencent le fonctionnement du corps humain et peuvent donc également interagir avec des médicaments ou des conditions médicales existantes. Cette propriété rend indispensable l'avis d'un expert, à la fois pour assurer la sécurité du consommateur et pour mieux comprendre l'action des compléments."
"La question est de savoir où s'arrête l'action d'un complément alimentaire et où commence celle d'un médicament", poursuit Demeyer. "Où se situe la frontière? Elle est particulièrement floue dans le cas des plantes ambivalentes. Celles-ci sont utilisées aussi bien dans les compléments alimentaires que dans les médicaments phytothérapeutiques." Le dosage est donc important. Selon les règles imposées par la Commission d'avis des préparations de plantes de Belgique, les compléments peuvent contenir au maximum 70 à 80% de la dose thérapeutique minimale.
Deux piliers: sécurité et efficacité
Selon Kristiaan Demeyer, la qualité des compléments alimentaires repose sur deux piliers importants: la sécurité d'une part et l'efficacité d'autre part. "La sécurité signifie que les compléments alimentaires ne doivent pas contenir de composés toxiques et que les interactions possibles avec des médicaments ou des conditions médicales sont prises en compte, ce qui est réglementé par la loi via l'Arrêté Plantes et la procédure de notification."
Les fabricants sont tenus de faire contrôler leurs produits et d'inclure des avertissements tels que 'ne pas utiliser chez les enfants de moins de 12 ans' ou 'consultez votre médecin ou votre pharmacien'. Mais ces conseils n'ont de sens que si le médecin ou le pharmacien dispose lui-même de connaissances suffisantes en la matière, ce qui n'est pas toujours le cas aujourd'hui. De plus, chaque consommateur a des antécédents médicaux qui lui sont propres, c'est pourquoi le conseil personnalisé d'un vendeur bien formé est indispensable", affirme le professeur Demeyer.
"Le deuxième pilier, l'efficacité, est une question plus complexe et souvent sous-estimée. L'efficacité d'un complément dépend de nombreux facteurs: la matière première utilisée, la partie de la plante, la méthode d'extraction, le dosage et la stabilité du produit final."
L'échinacée pourpre (Echinacea purpurea), dont les différentes parties de la plante contiennent diverses substances actives, en est un exemple. Seule l'utilisation de la plante entière permet de conserver le profil d'action complet (le 'totum'). Cependant, des motifs économiques poussent souvent les producteurs à ne traiter qu'une partie de la plante, ce qui nuit à son efficacité. Les préparations mixtes peuvent être aussi bien synergiques qu'inutiles, en fonction de leur composition.
La normalisation: une nécessité mais un défi
Selon Demeyer, la normalisation est essentielle pour garantir une qualité et une efficacité constantes, mais ce n'est pas une tâche facile. "Nous travaillons avec des mélanges complexes. Comment normaliser un mélange? La standardisation sur la base d'une quantité de milligrammes n'est pas très utile: on ne sait pas quelle quantité de la plante originale est présente, quelle est l'action de l'agent d'extraction utilisé et combien de composants actifs le produit contient."
Ces informations incomplètes ne permettent pas d'évaluer de manière fiable la force ou l'efficacité des produits. La normalisation basée sur des composants purs peut être utile, mais risque de perturber l'équilibre naturel entre les différents ingrédients.
Appel à la professionnalisation
Pour mieux protéger les consommateurs et éviter les tromperies, Kristiaan Demeyer appelle à la professionnalisation de la profession. Il envisage un cadre clair pour la formation future, composé de plusieurs modules. "L'accent devrait être mis sur la législation expliquant les nutriments, l'Arrêté Plantes, les règles de sécurité alimentaire et l'HACCP (analyse des risques et maîtrise des points critiques, un système préventif systématique pour la sécurité alimentaire)."
En outre, selon le professeur de la VUB, les étudiants devraient acquérir des bases en biochimie pour comprendre la structure et les propriétés des ingrédients actifs, en lien avec l'anatomie et la physiologie, afin de savoir sur quels processus corporels les compléments agissent. Un module sur les principaux états pathologiques et les interactions médicamenteuses possibles est indispensable à cet égard. En outre, la botanique fait également partie du cœur de la formation, de même que le contrôle de la qualité et la normalisation.
Vers plus de crédibilité
Demeyer conclut que les compléments alimentaires peuvent être utiles et avoir une place précieuse dans les soins de santé, mais qu'ils doivent être utilisés et vendus de manière responsable. "Nous ne devrions pas considérer la formation structurée comme un luxe, mais comme une nécessité pour la protection des consommateurs et la crédibilité de l'industrie."