Le règlement PPWR sous les feux de la rampe à K 2025

L'économie circulaire en action

Le salon K 2025 de Düsseldorf a confirmé ce que l'industrie européenne des plastiques attendait depuis des années: le règlement relatif aux emballages et aux déchets d'emballages (Packaging and Packaging Waste Regulation ou PPWR) va fondamentalement remodeler le secteur. Dans les vastes halls de Messe Düsseldorf - des stands de polymères de haute technologie aux expositions plus modestes axées sur le design - un mot est revenu sans cesse pendant le salon K, du 8 au 15 octobre: circularité. Recyclable, réutilisable, renouvelable ne sont plus des mots à la mode, mais des nécessités stratégiques pour toute entreprise qui veut rester compétitive en Europe au-delà de 2030.

L'échéance de 2030

Le PPWR, qui entrera en vigueur en 2030, introduit des objectifs contraignants en matière de contenu recyclé, de recyclabilité et de réutilisation. Il oblige non seulement les producteurs à revoir leur choix de matériaux et la conception de leurs emballages, mais il accélère également les investissements dans les infrastructures de recyclage et les matières premières biosourcées.

Le salon K 2025 n'a pas seulement abordé la question de la conformité; les entreprises ont présenté des applications concrètes introduites sur le marché. Le salon a ainsi servi de microcosme à la transition de l'emballage linéaire à l'emballage circulaire, montrant que l'innovation et la réglementation peuvent aller de pair.

Réduction des matériaux sans perte de fonctionnalité

Parmi les pionniers, TotalEnergies et SML ont démontré que la réduction des matériaux sans perte de fonctionnalité apporte des avantages à la fois écologiques et commerciaux. Leurs nouveaux films, destinés aux sachets à fond plat et aux sacs de congélation, permettent d'économiser jusqu'à 50% de matériau tout en conservant les propriétés barrières et mécaniques essentielles.

Le film de 60 μm pour sachets refermables associe le polyéthylène (PE) à une fine couche d'EVOH pour protéger les contenus sensibles à l'oxygène. Sa polyvalence est remarquable: il peut être utilisé dans des applications laminées et non laminées, ce qui simplifie le recyclage et réduit la complexité du traitement.

Le film MDO-PE pour les sacs de congélation va encore plus loin: il élimine la nécessité d'un laminage énergivore et réduit l'épaisseur de 35 à 50%. Ce mono-matériau peut également être recyclé mécaniquement sans problème. Les deux films sont produits avec le Lumicene Supertough, qui est compatible avec les flux de recyclage existants et contribue aux objectifs circulaires.

C'est exactement le type de solution que le PPWR promeut, affirment les entreprises. La réduction des matériaux ne se limite pas à une diminution de la quantité de plastique; elle concerne également la durabilité, la rentabilité et l'aspect pratique. En d'autres termes, les objectifs environnementaux et la rentabilité ne s'excluent plus mutuellement, un message qui trouve un large écho dans l'industrie.

Développer les polymères biosourcés

Alors que TotalEnergies et SML se sont concentrées sur l'efficacité, Braskem s'est pleinement engagée en faveur des matériaux renouvelables. En collaboration avec les innovateurs néerlandais Bottle Up et Eurobottle, ainsi qu'avec son partenaire allemand Polytan, Braskem a introduit les polymères biosourcés dans des emballages commerciaux à la fois élégants, fonctionnels et circulaires.

Parmi les points forts, citons le film MDO présentant le PE biosourcé "I'm green", fabriqué à partir de la canne à sucre et adapté aux flowpacks, aux étiquettes MDO et aux sachets à fond plat. L'orientation dans le sens de la machine (MDO) garantit la rigidité et la clarté optique, tandis que la construction mono-matériau facilite à nouveau le recyclage. Développés en collaboration avec Cazoolo (le laboratoire de conception circulaire de Braskem) et le groupe FCO, ces films démontrent que le contenu renouvelable ne se fait pas au détriment de la performance.

Les bouteilles réutilisables de Bottle Up et Eurobottle ont également attiré l'attention: il s'agit de bouteilles rechargeables à la mode fabriquées à 100% en PE biosourcé "I'm green". Elles allient durabilité et attrait pour le consommateur et montrent que les matériaux renouvelables font leur entrée sur le marché de masse.

Selon Walmir Soller, vice-président chargé des oléfines et des polyoléfines, K 2025 n'est plus une question d'expérimentation, mais de solutions prêtes à être commercialisées: "L'approche de Braskem prouve que les performances techniques, la liberté de conception et la durabilité peuvent aller de pair - un exemple pour d'autres fabricants qui cherchent à intégrer des matériaux biosourcés à grande échelle."

Boucler la boucle

LyondellBasell a souligné la maturité des technologies polymères circulaires avec son portefeuille Circules, qui comprend le recyclage mécanique (CirculesRecover), le recyclage chimique (CirculesRevive) et les matières premières biocirculaires (CirculesRenew).

L'entreprise a également présenté MoReTec, une technologie de recyclage chimique qui convertit les déchets plastiques mixtes pré-triés en polymères de haute performance avec un rendement de 80% de plastique à plastique et une empreinte carbone inférieure de 50% à celle des matières premières fossiles.

Paula Sanabria Luque, directrice principale de Circular & Low Carbon Solutions, a déclaré: "Le PPWR apporte de la clarté et accélère la demande de matériaux circulaires. Sans cela, les investissements seraient plus lents. Nous disposons désormais d'un horizon prévisible pour le PE/PP recyclé et renouvelable".

L'analyse de marché de LyondellBasell montre que la demande de PE/PP recyclé et renouvelable atteindra 13 millions de tonnes d'ici 2030, contre une offre prévue de 9 millions de tonnes: un déficit logistique de 4 millions de tonnes.
Gianluca Brescia, vice-président, résume la situation en ces termes: "La circularité n'est plus une option, c'est un avantage concurrentiel."

Des débuts à la démonstration

Pour ExxonMobil, K 2025 a marqué les débuts de Signature Polymers: une gamme de résines axées sur la recyclabilité et la réduction des matériaux. Parmi les exemples, on peut citer le PE monomatériau pour les emballages de céréales pour petit-déjeuner, les films pour aliments surgelés, les sacs pour silos, les emballages pour aliments pour animaux de compagnie et les films pour fromage à peau sous vide. En outre, l'entreprise a présenté des matériaux à contenu recyclé après consommation et sa technologie de recyclage avancée Exxtend.

Une expérience VR permettait aux visiteurs de suivre le parcours des déchets plastiques mixtes jusqu'aux polymères circulaires certifiés pour les emballages, les plateaux, les sacs et les sachets. ExxonMobil a ainsi combiné l'innovation matérielle et la narration numérique pour montrer comment la circularité peut être intégrée dans la production.

Entre produit de masse et luxe

Alors que de nombreux exposants se sont concentrés sur les emballages fonctionnels, Dow a montré que la circularité peut également répondre aux attentes des marques et des consommateurs. Son emballage en carton D-PAK, développé avec Elopak et Orkla Home & Personal Care, combine du PE recyclé avec des polymères biocirculaires et offre une solution pratique pour les biens de consommation qui répond aux exigences du PPWR.

BASF a mis l'accent sur les solutions compostables. Le polymère ecovio rend les emballages alimentaires en papier résistants aux liquides et aux graisses, tout en restant compostables à la maison comme à l'usine. BASF propose ainsi des solutions de remplacement lorsque le recyclage mécanique n'est pas possible, ce qui est tout à fait conforme au principe PPWR des solutions spécifiques aux matériaux.

Sabic a présenté des polymères circulaires fabriqués à partir de matières plastiques issues des océans et de matières premières biologiques, en mettant l'accent sur la fonctionnalité, la recyclabilité et une durée de conservation plus longue. Les deux entreprises ont ainsi démontré que la circularité n'est pas un modèle unique, mais une boîte à outils complète pour les objectifs environnementaux, fonctionnels et réglementaires.

Investir dans l'échelle et la performance

Borealis a montré comment les investissements peuvent accélérer la transition vers la circularité. L'expansion de 100 millions d'euros à Burghausen, en Allemagne, triple la production de PP à haute résistance à la fusion (HMS PP): une mousse recyclable pour les applications automobiles, de consommation et de construction.

En outre, Borealis a présenté le PE Borstar Nextension pour les sachets en PE mono-matériau à haute barrière et les bouchons synthétiques renouvelables développés avec le groupe Tapì. En liant l'innovation à l'échelle, Borealis a souligné que les matériaux circulaires peuvent atteindre à la fois des performances de pointe et une application sur le marché de masse.

La science comme force motrice

L'institut de recherche espagnol ITENE, l'un des nombreux exposants scientifiques du salon K, a présenté une vue d'ensemble de la recherche qui sous-tend l'emballage circulaire. Ses innovations portent sur les matériaux polymères, les technologies de recyclage, l'éco-conception et les tests de sécurité alimentaire. Les projets comprenaient des bouteilles en PLA avec des barrières à l'oxygène améliorées, des barquettes de viande renforcées et des emballages biosourcés actifs et intelligents dans le cadre de l'initiative BIOSMART.

ITENE démontre que la recherche scientifique est essentielle pour relier la réglementation, la demande du marché et la mise en œuvre industrielle - et pour fournir aux transformateurs et aux propriétaires de marques des solutions sur mesure et évolutives.