- 05 avril 2018
- En Wouter Verheecke
- | 6 min. temps de lecture
- | Source: Foodprocess
METTRE ET GARDER UN MAXIMUM DE GENS AU TRAVAIL DANS LE SECTEUR ALIMENTAIRE
Alimento agit comme pont entre les centres de formation et l'industrie alimentaire
Stimuler le flux entrant de nouveaux salariés dans l'industrie alimentaire et améliorer leurs compétences pour les garder au travail au mieux et le plus longtemps possible: ceci est depuis toujours la mission de l'organisation sectorielle Alimento. Elle agit comme intermédiaire entre les centres de formation ou l'enseignement et l'industrie, et soutient les responsables RH si nécessaire. “Nous voulons maintenir le nombre d'ouvriers et d'employés dans l'industrie belge de l'alimentation, également à l'époque actuelle et future d'automatisation, de délocalisation et de main-d'œuvre étrangère", affirme le conseiller Herbert Matthys.
Quand et pourquoi a été fondée Alimento?

Herbert Matthys: “Après les années quatre- vingt difficiles, caractérisées par un chômage important, le gouvernement, les syndicats et les employeurs ont décidé de fonder un certain nombre d'organisations, notamment aussi pour l'industrie alimentaire. En premier lieu, notre objectif était d'améliorer les compétences des collaborateurs pour qu'ils puissent rester au travail le plus longtemps possible. Ceci est possible via des formations spécifiques au secteur, comme la sécurité alimentaire ou au travail, mais avec le temps, ce package a été étoffé par des formations logistiques, linguistiques ou informatiques. Plus tard, nous avons donc commencé à nous concentrer sur les projets de flux entrant pour mettre au travail des demandeurs d'emploi dans l'industrie alimentaire, en collaboration avec le VDAB en Flandre ou le Forem en Wallonie. Des formations très ciblées s'adressent aussi à ces nouveaux venus, par exemple pour combler les offres d'emplois en pénurie."
Donnez-vous ces formations pour les peu qualifiés, les travailleurs plus anciens, voire les nouveaux?
Matthys: “Non, Alimento établit uniquement le lien entre les formateurs d'une part et les entreprises alimentaires d'autre part. L'avantage? Nous surveillons la qualité des formations et séparons le bon grain de l'ivraie dans les centres de formation. Les formateurs peuvent se faire certifier et obtenir le label de qualité Q4, puis nous les promouvons sur notre site web et ils peuvent donc recevoir certaines entreprises alimentaires dans leur portefeuille de clients. Pour les entreprises alimentaires, nous sommes avant tout un guide utile vers les bons instructeurs dans leur région. Par ailleurs, ils peuvent recevoir une intervention financière ou un chèque conseils quand ils font appel à nous comme fonds sectoriel pour la formation ou le recyclage de leur personnel, ou quand ils veulent obtenir des conseils d'un consultant Alimento, par exemple pour rendre plus compréhensibles les fiches d'instruction de fonctionnement d'une nouvelle machine."
D'où viennent ces moyens de fonctionnement?
Matthys: “Ceux-ci viennent surtout de la retenue automatique d'une partie des cotisations d'ONSS de tous les travailleurs au sein des comités paritaires 118 et 220, pour les ouvriers et les employés dans l'industrie alimentaire. Ceci signifie tout autant que cette intervention leur est uniquement destinée. Les travailleurs d'autres comités paritaires, comme l'horeca ou la grande industrie, peuvent aussi suivre ces mêmes formations liées à l'alimentation, mais sans notre intervention financière."
“Pour les entreprises alimentaires, nous sommes avec notre reseau un guide utile vers les bons instructeurs dans la region“
Collaborez-vous aussi étroitementavec l'enseignement pour attirer une nouvelle main-d'œuvre?

Matthys: “Très certainement. Dans l'enseignement supérieur, nous soutenons et promouvons toutes les formations - techniques ou pas - ayant un lien vers l'alimentation, par exemple par l'organisation de concours professionnels. Actuellement, nous sommes aussi très actifs dans l'apprentissage dual. Nous voulons réunir les bons étudiants et les bonnes entreprises, dans l'optique d'un emploi éventuel dans l'entreprise en question, ou nous veillons à ce que les élèves puissent apprendre à travailler avec leurs machines. Enfin, nous suivons les développements en matière de STEM et organisons tout autour des ateliers et des visites d'entreprise. Ici aussi, nous travaillons dans les deux sens: de l'enseignement vers l'industrie et inversement. Dans l'optique d'un flux entrant suffisant dans le secteur, afin de continuer de garantir la continuité."
Vous voulez dire que cela ne peut pas s'arrêter après l'engagement?
Matthys: “Précisément. C'est pourquoi il existe aussi les scans RH et nos platesformes RH, auxquelles nous invitons régulièrement les responsables RH d'entreprises alimentaires d'une même région qui discutent dans une ambiance informelle de leurs défis spécifiques. Il s'agit par exemple de thèmes tels que le travail réalisable, l'absentéisme ou les tendances actuelles sur le marché du travail. D'excellentes occasions d'échanger 'conseils et astuces' sur leur travail et apprendre les uns des autres. De notre côté, nous découvrons leurs points névralgiques, nous invitons souvent des experts qui viennent commenter un sujet précis, et faisons coïncider notre prestation de services en ce sens. De cette manière, nous nous maintenons constamment au courant afin de pouvoir garder au travail les 60.000 ouvriers et 30.000 employés dans l'industrie belge de l'alimentation."
Quels sont les principaux défis?
Matthys: “En raison de l'automatisation, les emplois qui subsistent, sont de plus en plus techniques. La barre est haute, si bien qu'il est de plus en plus difficile pour les demandeurs d'emploi peu qualifiés, ayant suivi une formation moins technique, de trouver un emploi. Vous le constatez aussi à la terminologie: les 'superviseurs' veulent obtenir au plus vite leur 'black belt' après leur 'green belt' et l''output' est le plus important pour la direction. Pour les responsables RH, il s'agit d'y impliquer chacun, également les opérateurs 'ordinaires'. Le déménagement de certaines activités vers l'étranger ou l'exécution de certaines tâches par des ateliers protégés peut être sensible et fera de préférence l'objet de sérieuses discussions. Toutefois, le nombre de travailleurs est préservé depuis des années et nous parvenons encore bien à garder ici les entreprises alimentaires. A ce propos, nous prestons mieux avec l'industrie alimentaire que bien d'autres secteurs industriels de notre pays."
EX-RÉFUGIÉS AU TRAVAIL VIA ALIMENTO CHEZ GREENYARD FROZEN BELGIUM

Greenyard Frozen Belgium, producteur de légumes et fruits surgelés, cherchait l'an dernier trois nouveaux opérateurs d'emballage et un responsable de ligne de production pour les établissements de Westrozebeke et Langemark en Flandre occidentale. Ils ont tous été trouvés après une étroite collaboration entre le service RH de l'entreprise et Alimento, VDAB et Let's Work. Ce qui est remarquable, c'est que tous sont des ex-réfugiés. L'Irakien Ahmed Abass Inad est l'un d'eux.
“La recherche de techniciens pour l'industrie alimentaire est particulièrement difficile. L'économie s'est entre-temps entièrement rétablie, créant de nombreux postes vacants; aussi dans d'autres secteurs. Notre industrie souffre toujours de préjugés sur les conditions de travail, tels que les grands écarts de température ou les nuisances olfactives“, affirme Sharon Vanacker, HR officer chez Greenyard Frozen Belgium.
Alimento fait tout pour aider à éradiquer ces préjugés avec des campagnes de promotion. Avec succès, dans le cas d'Inad. Après une carrière comme professeur de gym et réparateur de vélos dans son pays d'origine, il s'est inscrit dans l'optique d'un nouveau job avec quelques autres réfugiés à une série de formations au VDAB anversois, qui ont duré dix mois en tout.
“Ce fut le VDAB lui-même qui a établi le lien entre l'offre et la demande l'été dernier. Les ex-réfugiés habitaient tous à Anvers, mais ils étaient prêts à déménager en Flandre occidentale et à travailler chez nous. Let's Work leur a trouvé des maisons à louer et nous les avons accueillis à bras ouverts. Chez nous, les travailleurs doivent parler soit le français, soit le néerlandais. Au départ, il y avait quelques problèmes de langue, mais ils étaient très motivés et ont vite trouvé leur place au sein du groupe", s'enorgueillit Vanacker.
Inad, lui-même, est particulièrement satisfait de son nouveau job comme opérateur d'emballage. “Au VDAB, j'ai vu une vidéo sur l'industrie des transformations alimentaires et je me suis alors inscrit pour travailler dans ce secteur. Je travaille ici en alternance en équipe du matin ou du soir, ce qui me plaît énormément. J'ai été aussitôt accepté par les collègues et j'ai aussi eu l'opportunité d'évoluer ici. Je veux devenir bientôt responsable de chaîne."