LES EMBALLAGES INTELLIGENTS OFFRENT DAVANTAGE DE POSSIBILITES

Pack4Food passe en revue les nouvelles tendances en matiere d'emballage

Circularité, commodité et Internet des objets sont actuellement les maîtres-mots en matière d'emballage. Si le producteur alimentaire ne veut pas avoir des surprises dans un avenir proche, il a intérêt à se pencher sur ses emballages dès à présent. En effet, le secteur est confronté à des défis majeurs, surtout en ce qui concerne la recyclabilité. Mais il est également important de se tenir au courant des dernières tendances dans le contexte de l'authenticité, de la traçabilité, du transport et du marketing. Nous avons rencontré le prof. dr. ir. Peter Ragaert de Pack4Food.

AVERTISSEMENT

En mai de l'année dernière, la Commission européenne a jeté un pavé dans la mare en annonçant que le plastique jetable pourrait être interdit d'ici quelques années. D'autres produits en plastique seront également soumis à une réglementation plus stricte.

“Il s'agissait d'un dernier avertissement pour amener les fabricants et les détaillants à réfléchir à leurs produits et à leurs emballages“, déclare Peter Ragaert de Pack4Food. “En effet, tout va très vite: la législation des 'plastiques à usage unique' a même déjà été votée. Dans deux ans maximum, les premières mesures seront en vigueur: pailles, couverts, assiettes, touillettes en plastique ... Tous ces produits seront alors interdits."

TOUT RECYCLABLE OU REUTILISABLE

L'Europe joue résolument la carte de la circularité et souhaite que tous les emballages plastiques soient recyclables ou réutilisables d'ici 2030.“Les conséquences pour l'industrie alimentaire ne sont pas négligeables“, dit Peter Ragaert. “Afin de garantir une protection optimale et une durée de conservation maximale des produits, cette industrie utilise souvent des emballages multicouches. Malheureusement, il n'existe toujours pas de procédé efficace pour recycler ce genre d'emballages à grande échelle. En effet, il est extrêmement difficile, voire impossible, de séparer les couches de manière rentable. C'est pourquoi l'industrie de l'emballage s'efforce actuellement de trouver une composition d'emballage différente ou plus simple, par exemple par l'ingénierie des polymères ou l'application de revêtements.“

Quid des bioplastiques?

Bien sûr, les entreprises alimentaires peuvent aussi s'engager dans la voie des bioplastiques. Les 'nouveaux' types à base d'amidon, de PLA ou de cellulose peuvent généralement être compostés. Ils sont donc idéaux pour les applications avec des résidus tels que des capsules de café, des sachets de fruits et légumes, des assiettes et des couverts, etc. “Ils constituent une alternative intéressante et écologique à de nombreuses formes d'emballages plastiques ordinaires, notamment parce que l'Europe souhaite réduire de manière drastique l'utilisation du pétrole pour la fabrication des matières synthétiques. Néanmoins, dans sa communication actuelle, la Commission européenne reste extrêmement vague quant à l'application de ces bioplastiques. De plus, le volume est encore trop faible pour que le flux de recyclage soit économiquement rentable: en 2018, on parlait de 2 millions de tonnes contre 350 millions de tonnes de plastique à base de pétrole. Résultat: les entreprises de recyclage n'ont pas encore mis en place de flux de traitement séparés, ce qui annule en grande partie l'utilité de ce type de plastique."

“Mais cela ne s'applique pas à la deuxième catégorie: les emballages traditionnels en plastique à base d'une matière première autre que le pétrole“, poursuit Ragaert. “Ces types sont en augmentation car ils sont faciles à recycler et peuvent être utilisés sans aucune modification des machines d'emballage. En revanche, ils ont un certain prix, ce qui semble encore constituer un obstacle infranchissable pour beaucoup de producteurs alimentaires."

Bouchons et couvercles

Dans ses efforts pour accroître la recyclabilité et réduire les déchets, la Commission européenne a lancé un règlement ayant un impact considérable sur l'industrie des boissons. Dans les années à venir, toutes les bouteilles de boissons en plastique devront être munies d'un bouchon ou d'un couvercle qui restera fixé à la bouteille après ouverture et pourra être recyclé avec elle.

“Ceci s'applique également aux bouteilles en PET qui sont déjà recyclées. Pour les boissons non pétillantes, il n'est pas difficile de se conformer à cette réglementation. De nombreux fabricants d'eau ont déjà adopté ces nouveaux bouchons ou couvercles. En revanche, les boissons gazeuses et les bières ne sont pas faciles à emballer de cette façon. La pression dans les bouteilles exige un bouchon à visser et jusqu'à présent, il n'existe aucune solution rentable pour fixer celui-ci à la bouteille en permanence".

COMMODITE ET PERSONNALISATION

La tendance vers plus de commodité est fortement liée à la recyclabilité. Le succès croissant des portions individuelles entraîne une augmentation conséquente du nombre d'emballages.“Les producteurs d'aliments et de boissons recherchent des solutions créatives pour personnaliser leurs emballages. Cela va au-delà des matériaux, des étiquettes et des encres. L'ensemble du processus de production doit être pris en compte car un nombre croissant de petites portions a également des conséquences sur la logistique, comme la nécessité d'emballages empilables plus efficaces. Ce dernier point est également un point d'attention général pour réduire l'empreinte écologique: les camions doivent pouvoir être chargés de manière optimale“, poursuit Ragaert.

“L'evolution technologique rapide ouvre la porte a de nouveaux outils marketing creatifs. Les emballages jouent un role important a cet egard"

L'IOT PRESENT DANS L'EMBALLAGE DU FUTUR

La commodité, c'est aussi donner plus d'informations au consommateur. Cela nous amène à une autre évolution majeure dans le monde de l'emballage: l'Internet des objets (IoT), qui va de pair avec l'emballage intelligent.

“L'évolution technologique rapide ouvre la porte à de nouveaux outils de marketing créatifs. L'emballage joue un rôle important à cet égard. Alors qu'il était presque exclusivement fonctionnel autrefois, il devient aujourd'hui aussi une source d'information. Tout a commencé avec le fameux QR-code, qui donne accès à des vidéos, des sites web et toutes sortes d'informations. Aujourd'hui, le pas vers la réalité augmentée est progressivement franchi. En scannant des étiquettes, des codes ou des filigranes, l'utilisateur final peut alors interagir avec l'emballage. Un bon exemple est la bière Kampioenen: il y a quelque temps, une application permettait d'animer les personnages sur les étiquettes. En combinaison avec la 'Near Field Communication', où les appareils intelligents se connectent sans fil avec des capteurs dans l'emballage, les possibilités sont infinies. Les producteurs alimentaires peuvent aider l'utilisateur final à préparer son produit, donner des conseils de présentation, etc. Mais également prouver que le produit est 'authentique', ce qui est un point crucial dans le secteur alimentaire", explique Ragaert.

'IMPRIMER' DES CAPTEURS

Avec l'électronique imprimable, le monde de l'emballage va faire un nouveau bond en avant. Le capteur est intégré dans l'encre d'impression, ce qui réduit le prix de revient. Bien sûr, la recyclabilité est un point d'attention important car elle ne doit pas être affectée de manière négative.

“Les encres et les filigranes intelligents peuvent favoriser le processus de recyclage. Les informations sur les matériaux et les compositions d'emballage sont lues par les entreprises de tri, qui peuvent alors orienter les déchets dans les flux de traitement appropriés. C'est meilleur pour l'environnement, plus rentable pour l'entreprise de recyclage et plus économique pour le fabricant de produits alimentaires qui - au bout d'un certain temps - devra payer moins cher à Fost Plus."

Enregistreurs de données

Bien entendu, les capteurs ne doivent pas forcément être intégrés dans les encres. Il existe beaucoup d'autres possibilités, telles que les ITT (Indicateurs Temps-Température), qui sont maintenant largement connues.

“Aujourd'hui, de nombreuses solutions nouvelles et plus complètes sont sur le point d'être mises en œuvre“, explique Ragaert. “Au lieu d'indicateurs qui changent de couleur lorsque les paramètres de température sont dépassés, l'industrie alimentaire peut désormais compter sur des petits enregistreurs de données qui informent et enregistrent. De petits capteurs intégrés dans l'emballage ou l'étiquette enregistrent en permanence la température, l'humidité, l'emplacement et, si nécessaire, l'inclinaison et les chocs. Toutes ces informations sont envoyées en temps réel aux parties sélectionnées: le transporteur, la société commerciale, le détaillant et même le consommateur.“

E-COMMERCE

Il est clair que de telles solutions d'emballage intelligent sont extrêmement intéressantes pour un suivi efficace tout en ouvrant de nouvelles perspectives du point de vue marketing. En outre, elles apportent une bonne réponse aux défis du commerce électronique.

“En effet, c'est là que réside le principal obstacle: comment acheminer les produits alimentaires au consommateur dans de bonnes conditions? Ce genre de capteur peut être utilisé pour vérifier tout ça en détail. Quand on combine ceci avec un filigrane qui garantit l'authenticité et avec des emballages dotés des bonnes barrières recyclables ou réutilisables et empilables de manière optimale … cela ouvre la voie à la percée générale du commerce électronique dans le monde alimentaire“, conclut Ragaert.