Une nouvelle production durable pour rafraîchir l'image de la bière belge

Rassemblez des Portugais, des Britanniques, des Brésiliens, des Américains et, bien sûr, des Belges pour brasser une bière, et vous êtes assuré d'obtenir un feu d'artifice. Brussels Beer Project (BBP) en est la preuve. Bien que ce méli-mélo culturel produise les combinaisons d'ingrédients les plus diverses, ce groupe de bière international ne brasse pas à la légère. Il y a une condition sine qua non: il faut que le brassage soit durable. Cette méthode fonctionne si bien que BBP a été nominé cette année dans la catégorie Changemakers, organisée par De Tijd et L'Echo.

Première bière fabriquée à partir de restes de pain

Dans cette catégorie, les journaux économiques sélectionnent une trentaine d'entreprises belges qui, grâce à leur modèle d'entreprise, leur technologie, leurs produits ou leurs services, sont les plus prometteuses en matière de lutte contre le changement climatique ou de protection de l'environnement. Ces entreprises proviennent de différents secteurs, dont l'alimentation, et excellent, par exemple, dans la réduction des émissions, l'amélioration de la biodiversité, la gestion de l'eau ou l'utilisation de matériaux circulaires - ou, bien sûr, un mélange des deux.

C'est le cas de Brussels Beer Project qui, pour commencer, a brassé il y a un peu moins de dix ans la première bière au monde dont les ingrédients provenaient de restes de pain. Par la suite, le BBP a développé des centaines d'autres bières atypiques, basées sur des compositions très différentes. Des champignons des bois au maïs, en passant par une bière spéciale à base de pastéis de nata, une pâtisserie portugaise.

Cette variété de bière particulière est l'idée de Sébastien Morvan et Olivier de Brauwere, qui, lors d'un voyage d'études au Canada, ont conclu, après avoir goûté des pintes locales, que l'image de la Belgique en tant que berceau mondial de la bière avait besoin d'être redorée. Si l'on se contente de cette image, Bruxelles risque de devenir une caricature pour touristes assoiffés. Pour rester à l'avant-garde, l'idée était de rechercher en permanence l'innovation, tant dans la composition que dans l'esprit d'entreprise (socialement responsable), en s'inspirant de l'ère du temps.

Comment BBP travaille-t-il de manière durable?

Minimiser son impact sur l'environnement est donc le point de départ de cette entreprise bruxelloise, qui a vu le jour en 2013 et qui est actuellement un acteur relativement petit, produisant 20.000 hectolitres par an. Cette croissance maîtrisée est une priorité, comme l'ont prouvé les fondateurs Morvan et De Brauwere il y a deux ans en stoppant net les exportations vers les grands marchés extra-européens, comme les Etats-Unis - qui représentent 10% du chiffre d'affaires.

La maîtrise de la croissance est primordiale, comme l'a prouvé BPP en cessant d'exporter vers de gros marchés extra-européens

Pourquoi? Parce que le transport est l'un des principaux responsables des émissions mondiales de gaz à effet de serre et que BPP privilégie une chaîne locale, de la production à la consommation. La grande majorité des ventes ont lieu en Belgique et en France. La popularité croissante de la marque compense en partie le manque à gagner lié au gel des exportations. Avec une cinquantaine d'employés, BBP réalise un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros.

Agriculture régénératrice

BBP vise à rendre son processus de brassage aussi circulaire que possible. L'entreprise recycle des tonnes de déchets de pain par an et travaille également avec du malt d'orge produit sur place, selon les principes de l'agriculture régénératrice, c'est-à-dire des techniques qui permettent de mieux protéger les sols et la biodiversité. Environ un tiers de la production est issu de cette méthode d'agriculture durable et l'idée est d'étendre progressivement la production régénératrice à 75%.

Pour l'instant, la plupart des matières premières utilisées par BBP pour produire des bières proviennent de fournisseurs locaux, principalement des malteries belges. En outre, l'utilisation d'un minimum d'eau est un pilier essentiel de la stratégie. BBP vise un maximum de 4 litres d'eau par litre de bière. Actuellement, l'entreprise se situe à 5,5 litres d'eau par litre. Autrefois, la norme générale était de 8 litres d'eau par litre de bière, mais autres brasseries parviennent également à réduire cette quantité.

Grâce à une pompe à chaleur, l'eau issue du processus de production assure une température agréable sur le site récemment construit par l'entreprise à Anderlecht. Des panneaux solaires y fournissent environ un tiers de l'énergie. En raison de son impact positif global sur l'environnement, BBP a obtenu la certification B Corp.

De Buenos Aires à Kyoto

Le fait que le personnel soit composé d'un groupe très diversifié est caractéristique de la culture expérimentale de l'entreprise. Lors du développement de ses nombreuses variétés de bières, BBP s'inspire de brasseurs du monde entier qui partagent les mêmes idées, de Buenos Aires à Kyoto, entre autres. Les quelque 5.500 investisseurs de l'entreprise décident ensuite si un nouveau pop-up fait partie des 'all stars', les bières si savoureuses qu'elles peuvent figurer en permanence à la carte. Seules huit d'entre elles se distinguent actuellement, comme la Delta IPA, la Juice Junkie ou la Picco Bello. La sélection est donc stricte.

De Brauwere: "On nous demande parfois si nous ne craignons pas un jour de manquer d'inspiration. La réponse est claire: nous voulons sans cesse développer de nouvelles bières, de préférence un peu folles."