- 05 décembre 2018
- En Wouter Verheecke
- | 5 min. temps de lecture
- | Source: Motion Control
CONSTRUCTEUR DE MACHINES BELGE, ACTEUR MONDIAL DANS L'AUTOMOBILE
LASE s'arme avec une approche innovante contre notre climat des affaires compliqué
La firme LASE, établie à Herck-la-Ville dans le Limbourg, conçoit et fabrique des systèmes de montage et des lignes de production complètes pour l'industrie automobile mondiale. Elle fait ici tout en interne, sans faire appel à des sous-traitants. Le constructeur de machines est actuellement en pleine expansion, avec cette année une hausse du chiffre d'affaires de 20%, et ne voit cette croissance que se renforcer ces prochaines années. Un bel exploit, car en tant qu'acteur belge, l'entreprise fait globalement face à quelques inconvénients majeurs. Gert Peetersem, le gérant, nous expose son analyse SWOT.

L'AUTOMOBILE, MARCHE DE NICHE
LASE signifie Labor Aiding Systems Europe et a été créée en 2001 à Herck-la-Ville comme pendant européen de la firme américaine Labor Aiding Systems. Déjà en 2003, les partenaires américains ont été rachetés.
Quatre domAines
“Nous avons débuté nos activités, alors que j'avais constaté, en tant qu'ancien travailleur chez un équipementier local, qu'il y avait une demande de construction de machines spécialisées et d'automatisation pour l'industrie automobile. Au départ, nous nous concentrions uniquement sur l''interior business' des voitures. Peu à peu, nous avons toutefois élargi notre champ, à la demande du marché. Nous sommes ainsi désormais aussi actifs dans les domaines 'outside plastics', 'fuel systems' et 'drive trains & axles'. Nous concevons et construisons des systèmes de montage, des lignes de production ou des cellules robotisées pour tester, fabriquer ou assembler ces pièces automobiles. Le marché est mondial, avec notamment Audi, Bentley, Ford, Porsche et Volkswagen comme références", commence Gert Peetersem, le gérant.
SOLUTION COMPLETE

Ce qui est particulier, c'est que le constructeur de machines fait tout en interne, de la conception à la production des machines. “Dans la construction de machines classique, on commence généralement avec un concept et les ingénieurs mécaniques, électriques et logiciels travaillent successivement. Dans notre branche, on part toutefois souvent du produit fini souhaité ou existant et on regarde qui peut fabriquer ou optimiser une machine pour cela.
Nous voulons de préférence être impliqués dès la conception du produit, afin de proposer ainsi une solution complète. Nous regardons, en effet, alors aussi le produit et le processus, et osons proposer des modifications, si cela est bénéfique pour l'assemblage ultérieur. Nous remarquons l'absence fréquente de lien entre les 'product designers' et les 'process engineers'. De ce fait, les concepteurs ne conçoivent pas un 'design for manufacturing'. Grâce à cette approche particulière, notre solution est souvent juste un peu meilleure. C'est ainsi que nous sommes déjà parvenus à décrocher de nombreux projets", déclare fièrement Peetersem.
PERSONNEL
Collaboration avec l'enseignement
“De nombreux éléments brillants travaillent ici. Nos collaborateurs sont tout simplement la force de notre entreprise", poursuit le gérant.

“Il n'est cependant pas facile aujourd'hui de trouver les bonnes personnes. Le personnel constitue donc à la fois un facteur limitatif dans notre croissance. C'est pourquoi nous collaborons étroitement avec l'enseignement technique secondaire comme supérieur pour accueillir ainsi des stagiaires ou des étudiants avec un travail de fin d'études. En été, nous employons aussi toujours un certain nombre d'étudiants. Bon nombre de nos jeunes collaborateurs ont débuté ici avec un job de vacances et ont ensuite encore fait leur mémoire de bachelor et/ou de master chez nous pour finalement obtenir un vrai contrat. Ils sont alors directement à un certain niveau, lorsqu'ils commencent. Cette manière de travailler comporte un avantage majeur pour les deux parties: nous savons ce que nous pouvons attendre l'un de l'autre. Depuis une dizaine d'années, c'est notre principale procédure d'embauche. Le suivi et l'encadrement nous prennent certes beaucoup de temps, mais cela aboutit souvent, voire toujours. Cela vaut donc la peine", souligne-t-il.
“La quete difficile de personnel competent est pour nous un facteur limitatif dans notre croissance"
Employeur intéressant
“Nous sommes tout à fait conscients que nos travailleurs sont très convoités sur le marché du travail. Mais comme nous prenons bien soin d'eux, nous connaissons heureusement très peu de rotation. Vu que nous pouvons leur proposer des projets passionnants pour de beaux clients finaux, nous sommes, en effet, un employeur intéressant", explique Peetersem.
POINTS FORTS ET POINTS FAIBLES
“En tant qu'acteur belge, nous faisons face à un sérieux handicap en matière de coûts salariaux. Nous sommes pourtant compétitifs par rapport aux pays à bas salaires, grâce à notre approche innovante. Comme toute la production est en gestion propre, de la tôlerie à la construction de tableaux, nous avons aussi le contrôle entier dessus et ne dépendons donc pas de partenaires, ni de sous-traitants, ce qui est un point fort de taille", poursuit Peetersem.
“Trouver du personnel compétent est notre plus gros défi. Nous sommes également confrontés au climat des affaires défavorable belge. La procédure administrative pour réaliser quelque chose est interminable. Cela peut souvent traîner des mois, voire des années, alors que dans d'autres pays, le même processus est bouclé en quelques semaines", déplore le gérant.
APPROCHE INNOVANTE
La firme LASE est fortement axée sur le produit et le processus, et pense donc plus loin que la machine proprement dite. “Nous proposons souvent des solutions innovantes et osons parfois aborder les choses autrement. Mais les choses que nous pouvons faire simplement, nous les faisons simplement. 'La simplicité grandit la machine', tel est notre credo. C'est pourquoi nous veillons à ne pas chercher trop loin et à ne pas faire de 'sur-ingénierie'", déclare Gert Peetersem, le gérant.
“Les nouveaux ingénieurs suivent chez nous un trajet de formation interne. Ils commencent avec un petit modèle et il faut généralement quelques années avant qu'ils collaborent à une grosse ligne de production. Au début, nous les suivons de très près et les 'réorientons', si cela s'avère nécessaire, pour veiller p.ex. à ce que les machines soient accessibles et les éléments faciles à monter ou démonter. Nous trouvons essentiel qu'au cours de cette phase, ils apprennent de leurs erreurs", poursuit Peetersem.
“Deux mots-clés dans notre approche de manufacturing sont 'lean' et 'poka yoke'. Nous suivons un flux de production rationalisé et logique, sans arrêts intermédiaires inutiles. Les éléments doivent aussi être conçus de manière à ne pouvoir être assemblés que d'une manière afin d'exclure tout risque d'erreur. 'Fail-safe'!", explique le gérant.
AVENIR
Il est pourtant optimiste concernant l'avenir de LASE.
Forte hausse du chiffre d'affaires
“Nous sommes en pleine croissance. Cette année, nous nous dirigeons même vers une hausse du chiffre d'affaires de non moins de 20%. Le défi pour le futur proche consistera donc à pouvoir gérer cette croissance avec les bonnes personnes. Surtout en Europe occidentale, je prédis que la demande d'automatisation, de digitalisation et de robotisation augmentera encore fortement dans tous les secteurs industriels afin de pouvoir rester compétitifs. Les usines ne surfant pas sur cette vague disparaîtront tôt ou tard. Notre branche offre donc de belles perspectives d'avenir", affirme-t-il confiant.
“Pour le moment, nous restons uniquement actifs dans la niche de l'automobile, mais avec un esprit ouvert. L'automatisation est déjà avancée ici, mais il y a encore du potentiel. Le secteur automobile est, en effet, en pleine transformation avec l'arrivée des voitures hybrides et électriques. Ces nouvelles technologies impliquent aussi de nouvelles lignes de production. Nous pouvons ainsi grignoter notre part de gâteau", conclut Peetersem.