Je m’appelle Luc Lapere et je suis sculpteur de cuivre. Je crée essentiellement des figures monumentales qui tournent et qui reposent sur des points ronds. C'est une technique que je me suis appropriée. En fait, il s'agit d'un mix de plusieurs techniques. D’abord, le forgeage classique. Ensuite, le soudage par fusion au gaz permet de chauffer les plaques de cuivre. Lorsque le cuivre est chauffé, les molécules se séparent et deviennent plus souples à travailler. Et lorsqu’on tape dessus, elles redeviennent dures. Il faut donc chauffer en continu… C’est comme ce qu’on voyait en mathématiques: il s’agit d’un déploiement de deux dimensions à trois dimensions. Je suis également connu pour mes figures monumentales qui tournent dans le vent. Le cuivre a d'abord la température et les couleurs que l’on a… surtout que je fais fondre la matière. Il s'agit d'une technique que l'on ne peut apprendre nulle part. C'est quelque chose que j'ai développé moi-même. En effet, lorsqu’on forge sur un matériau soudé ordinaire avec un matériau d'apport, le premier se désagrège. On ne peut donc plus forger dessus, alors que si on les fait fondre l'un dans l'autre à 1250 degrés, on peut continuer à travailler et on obtient cette forme ronde. Je voulais aussi faire quelque chose de spécial. C’est pour ça que j'ai commencé à travailler le cuivre, essentiellement pour obtenir cette légèreté dans mes sculptures. Bien entendu, il s'agit là d'une évolution qui s'est faite au fil des ans. Il faut quand même mentionner qu'il m'a fallu 10 ans pour devenir maître sculpteur et maîtriser pleinement mon cuivre et mon matériel. En fait, je pars toujours de plaques de cuivre de deux mètres sur un mètre. La première chose à faire est de dessiner un schéma. Donc là, on a cette figure-ci. Puis on commence à la découper. Vous voyez. On a maintenant le modèle sur lequel on va se baser. Nous allons maintenant le dessiner sur le cuivre. On utilise un marqueur, avec une pointe acérée que l'on gratte sur le cuivre. Maintenant, je peux voir ces lignes et je vais utiliser ma grignoteuse… Il s'agit de plaques de deux millimètres, ce qui est le maximum pour utiliser cette machine. Voilà, et on a la silhouette. Nous allons maintenant appliquer la technique du soudage par fusion au gaz. Le combustible est l'acétylène. L’oxygène sert à augmenter la température. J'ai donc besoin d'une température de 1250 degrés pour les faire fondre ensemble. Nous allons commencer à chauffer la plaque sur la face avant. Il faut qu’elle soit très chaude. Donc ça c’est avec un grand bec. D’abord, on ouvre l'acétylène… Maintenant, la plaque est brûlante. La première chose à faire est de la refroidir. Les molécules de cuivre deviennent alors presque molles et on peut les travailler. Vous voyez, je peux l’attraper immédiatement. Ce n'est pas comme un métal ordinaire. Le cuivre est un bon conducteur. Nous allons donc créer la poitrine. Il s’agit d’un bloc de plomb que j’ai frappé avec un marteau rond. Nous allons maintenant plier ce bras vers l'avant. Ici, je vais frapper deux points. Comme on a ici au niveau de la clavicule. J'ai donc différents types de marteaux que j'utilise dans les différentes phases. Pour les seins, j’utilise des plus gros. Ça, c’est pour les petites œuvres. Voici le grand marteau qui m’offre plus de puissance et qui me permet de réaliser les bras. Celui-ci est plus pour les creux. On a également le côté droit… Vous voyez, ils sont tous différents. Il y a le petit, le plus petit, que j’utiliserai pour marteler un peu plus profondément. Et puis il y a le bassin… Voilà. Nous avons donc déjà une forme de base. Nous allons maintenant nous occuper de ces rotations du bassin et de la ligne des épaules… Voilà, Vous voyez déjà arriver la rotation? Dans l’oeuvre? En fait, nous allons toujours chauffer de l’intérieur. Parce que vous verrez: la deuxième fois qu’on le fera, on obtiendra la plus belle couleur. Nous repartons donc avec de l'acétylène et de l'oxygène. On refroidit à nouveau dans l'eau. Et maintenant, je vais commencer avec le petit marteau pour les seins. Vous voyez : on travaille petit à petit… Il faut répéter cette opération une vingtaine, une trentaine de fois. Puis ensuite, le pubis. Il faut apporter des petites corrections… Il faut donc que ce soit très chaud mais bien sûr, il faut veiller à ce que ça ne fonde pas! C'est-à-dire qu’il faut aller entre 1000 et 1100 degrés. 1250 degrés, c'est le point de fusion. Vous voyez ? On obtient déjà une nuance de couleur parce que j'ai chauffé ici. On peut voir que les couleurs font un dégradé. Ce sera un accent que nous pourrons utiliser dans les œuvres plus tard. Je reprends mon petit marteau. Cette forme de base que vous avez ici, on peut déjà y voir le mouvement que ça donnera. Mais il faut la chauffer 20, 30 fois pour arriver à un résultat comme celui-ci. Les seins sont bien formés, on peut voir les creux, le ventre. Il y a déjà du mouvement. Il s'agit maintenant de l'arrière-plan, que nous avons beaucoup forgé. Et c'est là, bien sûr, que réside la difficulté: les deux pièces doivent s'emboîter parfaitement l'une sur l'autre. Donc nous quittons l'enclume et nous allons maintenant fusionner les deux pièces. Nous allons mettre nos lunettes de soleil pour protéger nos yeux. Pour moi, les lunettes de soleil suffisent amplement. De nouveau, nous utilisons le grand brûleur… Il s'agit d'un fil de cuivre de cinq millimètres que je vais faire fondre entre les deux. Nous allons d'abord refroidir le fil de cuivre. Comme vous pouvez le constater, ils sont attachés pour l'instant. Mais je vais maintenant réunir ces bras sur l'enclume. En effet, il est important qu'il y ait le moins de jeu possible entre les deux. On refroidit. Nous avons maintenant la pièce… Les deux moitiés de bassin ont été mises en place. Il y a une belle continuité. Cette ligne-ci, cette ligne verticale. Maintenant, il faut plier une tige en acier inoxydable pour améliorer la solidité. Il s'agit d'une tige en acier inoxydable revêtue de cuivre. Je dispose maintenant d'une tige d'acier inoxydable d'un centimètre d'épaisseur. Il faut savoir que l'acier inoxydable est très solide. C’est assez épais pour ce genre de figurine. Et puis il y a le cuivre qui recouvre. Nous allons maintenant le découper. Nous devons maintenant déplier cette tige d'acier inoxydable recouverte de cuivre pour qu'elle épouse bien ce mouvement. Bien sûr, je ne sais pas plier des barres de 2,5 centimètres. Je dois me rendre dans une entreprise qui travaille l’inox à Zwevezele. Et là, on m’aide à créer la forme que je veux. La flexion est déjà très belle. C'est peut-être un peu trop… alors je vais l'ajuster sur l'enclume. Ce n'est pas une mince affaire. Afin d’avoir un mouvement comme celui-ci sur les surfaces - vous voyez? - j’ai travaillé un peu vers l’intérieur de manière à obtenir un mouvement complet et la pièce. L’inox est un matériau robuste, on ne le plie pas facilement. Nous allons le faire petit à petit… Maintenant, nous avons la pièce. Lorsque nous allons la placer dans le socle, elle sera bien droite et on aura à nouveau tout le mouvement. Nous allons donc faire fondre les deux éléments l’un sur l’autre puis je les assemblerai. Toute la robustesse provient du renfort en acier inoxydable à l'intérieur, bien sûr. Le cuivre refroidit immédiatement. Mais si on utilise une armature en acier inoxydable, on doit toujours faire attention à ne pas se brûler. En effet, le refroidissement est beaucoup moins rapide. C'est pourquoi je les laisse généralement plus longtemps dans l'eau. Le fond aura donc déjà bien refroidi… Vous entendez? C’est encore en train de refroidir. Nous allons maintenant apporter quelques petites corrections en forgeant pour obtenir un bel arrondi. Donc maintenant, nous avons cette ligne. Il faut forger en continu de part et d'autre. Vous pouvez voir qu'elle tourne tout en souplesse. Maintenant, nous allons placer la tête et les bras dessus.